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François Lonchampt
ollantay@free.fr
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TEXTES DIVERS

Actualité de La Révolution Prolétarienne
François Lonchampt, 2002


Les mots de révolution ou de prolétariat provoquent le ricanement du cynique et le sourire condescendant de celui qui est revenu de tout, mais aussi leur content de haine et de mépris. Car le feu couve sous la cendre, et la question sociale en suspens n'en finit pas de troubler le sommeil des gestionnaires, quoiqu'ils en disent. Quant aux courants critiques et libertaires du mouvement ouvrier, l'amnésie règne encore. Pourtant, si l'on se penche sur les origines du Parti Communiste Français, on y découvrira les tendances syndicalistes révolutionnaires étouffées par les scories de la social-démocratie et la prétendue "bolchevisation". Et ce retour au source sera nécessairement profitable. Car l'extrême urgence de dessiner à grands traits un projet de transformation sociale adapté à notre temps ne saurait nous dispenser de réfuter les mensonges déconcertants qui obscurcissent l'histoire tragique de l'émancipation ouvrière au XXème siècle.

Alors que la quasi-totalité des dirigeants syndicalistes français se rallient à « l'union sacrée », une poignée de militants fidèles à l'internationalisme prolétarien résistent à la marée patriotique et saluent avec espoir la conférence de Zimmerwald qui tente de réveiller l'esprit de solidarité par delà des frontières pour s'opposer à la boucherie impérialiste. En 1917, ils prennent fait et cause pour la révolution d'octobre qui semble réaliser l'idéal pour lequel ils ont toujours combattu. Et malgré leurs divergences avec les bolcheviks et les nouvelles inquiétantes qui commencent à circuler concernant la répression des opposants, les atteintes aux libertés ouvrières et la liquidation des formes originales de la démocratie soviétique, ils gardent leur confiance dans certains des dirigeants de l'Internationale et adhèrent au jeune Parti Communiste Français où ils prennent rapidement des responsabilités. Rosmer entre au Bureau politique, Monatte, Chambelland, et quelques autres, se retrouvent au comité directeur et à la rédaction de l'Humanité. Mais cette collaboration sera de courte durée. L'évolution de l'Internationale Communiste après la mort de Lenine aggrave la crise interne et les luttes de fraction, la domination d'un clan aux ordres des nouveaux maîtres de Moscou rend tout débat impossible. Objets de critiques incessantes, les syndicalistes révolutionnaires démissionnent en 1924 de toutes leurs fonctions, dénonçant l'arrivisme, l'électoralisme et les méthodes autocratiques de l'équipe en place, l'obéissance aveugle aux mots d'ordre et la « mentalité de chambrée » qui s'installe dans l'organisation. Et progressivement, exclus ou démissionnaires, tous vont quitter le Parti.

Le premier numéro de « La Révolution Prolétarienne » paraît en janvier 1925. Revue de combat, avant tout fidèle à la charte d'Amiens, c'est à bien des égards la continuation de la « Vie Ouvrière » fondée par Monatte en 1909 [1]. Refusant la voie réformiste comme la subordination au Parti, elle procède à l'examen de tous les problèmes pratiques et théoriques qui se posent au mouvement ouvrier, et publie des articles de fond où la question du communisme tient la plus grande place, ainsi que des études très documentées sur la vie syndicale, les grèves, la situation économique et industrielle. Stigmatisant l'impérialisme français en Indochine, à Madagascar et en Afrique du Nord, la "RP" est très tôt attentive à la condition des peuples colonisés comme à la naissance des mouvements d'émancipation, et elle contribue d'une manière décisive à la prise de conscience des problèmes coloniaux par le mouvement syndical. Mais on y trouve également de nombreuses enquêtes et des témoignages sur l'URSS et les pays de l'Est. Véritable centre de résistance à la mainmise stalinienne sur le mouvement ouvrier, elle dénonce sans relâche les conditions de vie des prolétaires dans les contrées du socialisme réel, la persécution des trotskistes et des anciens camarades de Lenine, la liquidation des cadres du mouvement communiste international dans les cachots de la GPU, les assassinats et les déportations.

La "RP" reparaît au lendemain de la libération. Mais Monatte, Rosmer et Chambelland s'en éloignent au début des années 50, très critiques vis à vis de l'orientation atlantiste prise par certains rédacteurs, et la revue ne réussira pas à retrouver l'influence qui était la sienne entre les deux guerres. Elle continue à paraître aujourd'hui, malgré les difficultés financières. Luttant inlassablement contre le refoulement de l'histoire et de l'analyse critique, elle n'a pas renoncé à la grande espérance portée par le mouvement ouvrier.

François Lonchampt

"La révolution Prolétarienne", siège social : 26 rue des Rosiers, 75004 PARIS, abonnement par chèque bancaire ou postal de 23 euros.


[1] Sur la vie de ce militant exemplaire, on consultera avec bonheur l'excellent livre que lui a consacré Colette Chambelland, Pierre Monatte, une autre voix syndicaliste, aux éditions de l'Atelier, 1999.