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Loren Goldner
TABLE DES MATIERES: |
LA CLASSE OUVRIÈRE AMÉRICAINE : RESTRUCTURATION DU CAPITAL GLOBAL, RECOMPOSITION DU TERRAIN DE CLASSE CHAPITRE I : PRÉCIS D'ANALYSE MARXISTE DU MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE I. c. La valeur Loren Goldner, 1981 Pour Marx, la valeur est ce qui contribue au processus de valorisation. Nous avons vu que la valeur est un rapport : le rapport renversé de la force de travail à elle-même. En conséquence, est source de valeur ce qui contribue à la reproduction de la force de travail ; ce qui n'y contribue pas n'est pas source de valeur. Autrement dit, comme la valeur est un rapport, elle n'est pas une chose, elle n'est pas une "condensation du temps de production socialement nécessaire", localisée dans une marchandise ou une autre, comme le pensent les ricardiens qui se prétendent marxistes. En tant que rapport se rapportant à lui-même, en tant que processus de valorisation, la valeur dans son ensemble, mais aussi celle des marchandises individuelles, est déterminée quantitativement par le temps de reproduction nécessaire à l'échelle de l'ensemble des forces productives, et qualitativement par sa contribution à la reproduction élargie des forces productives. Mais, diront les "marxistes" ricardiens, Marx n'a-t-il pas dit et répété que la valeur est déterminée par le temps de production socialement nécessaire ? Effectivement, Marx le dit et le répète tout au long des livres I et II du Capital : des livres où, page après page, il avertit le lecteur que l'ensemble de l'exposé présuppose, de façon totalement artificielle, l'existence d'une reproduction simple et la non-croissance de la productivité. Pour Marx, il s'agit par là de faire la critique immanente de Ricardo [1], en prenant à la lettre les concepts du théoricien du capital-en-soi que sont le capital et la marchandise individuels. Mais Marx dit bien qu'il s'agit d'une société capitaliste idéale qui n'a jamais existé et n'existera jamais, même si cette construction s'avère nécessaire pour faire comprendre au lecteur ce qu'est le capital à partir de ce qu'il n'est pas. Le capital est en effet condamné à n'exister que négativement, car il est le renversement de quelque chose d'autre : la force de travail. Sa vocation, nous dit Rosa Luxemburg, est d'être universel, mais sa limite est précisément de ne pouvoir le devenir. Tous les développements sur la valeur des livres II et II, tout comme ceux sur le travail productif et improductif de l'Histoire des doctrines économiques, se situent au niveau du capital-en-soi, de la marchandise et du capital individuels ; ils ne tiennent pas compte de la réalité du capital-en-soi-et-pour-soi, c'est-à-dire du capital dans le cadre de la reproduction élargie ou, plus précisément, du capital dans sa réalité historique (pour une explicitation de la différence entre le point de vue des livres I et II et celui du livre III, voir par exemple le volume II, pp. *97, 394, 421, et le premier paragraphe de la première partie du livre III). Suite : I. d. Le capital social total [1] *"The value of every commodity (…) is determined not by the necessary labor-time contained in it, but by the social labor-time required for its reproduction (Capital tome III, p. 141). |