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Alain Tizon
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POÈMES

Nous sommes occupés par des réseaux mortifères
Alain Tizon, 1985


Le 11 Février 1985.



Nous sommes occupés par des réseaux mortifères.

        A la fureur des roues,
        au pas.

Parmi les lumières brisées
        dans le flottement houleux des phares

Et je retrouve mes amis disparus.

Etalés ça et là dans les pages de l'annuaire.

De ces  pages  écornées, jaunies, que  visite  la mer,  le sel et le vent.
        J'aime pas l'âge.
Et   je   donnerai    toujours    rendez-vous   à    l'Amour   loin du visage froid de la désespérance.
Dans l'attendrissement des mouettes,  des  goëlands de grand vent.
        Au plus haut de la plus haute voûte possible.
Sur le quai des gares.

Dans le croisement géométrique des ports.

        Sur une carte du monde salie par le gel

        A l'embouchure des fleuves.

Aux fuites estivales des troupeaux de rennes.
Bien au milieu des migrations géantes.
Près du nid d'abeilles dans le murmure des roches.
Où l'homme d'aujourd'hui apprend le possible.
Assis sur le bruit des dictionnaires
parmi les bibliothèques saccagées.

        Aussi.

En amont des multitudes
        près du pêcheur  que  brise l'attente.

        Là où campent nos forces.

Et  le vent  marin  dont   la  caresse  n'est  comparable à aucune autre soignera mes blessures de larmes.

        J'aimais les omnibus.
        L'odeur du lard salé.

Le bruissement d'un journal sous le vent.
Et le crépitement des lignes à haute tension.

        Musique narcissique qui s'accompagne souvent de celle  des  grillons  sur  l'étendue jaune des champs de blés et  soudainement  étreint  le  coeur  par  un  après-midi d'été.