La lettre envoyée par Michel Surya de la revue ''Lignes''
Michel Surya, 2000
ENQUÊTE DE LA REVUE "LIGNES" SUR LE ''DÉSIR DE RÉVOLUTION'' (N°4,
JANVIER 2001)
Chers amis,
En 1997, nous
lancions une enquête à laquelle beaucoup d'entre vous nous avaient fait alors
l'amitié de répondre ; celle-ci s'intitulait "tentative de définition
des intellectuels par eux-mêmes". Elle a donné lieu à un numéro remarqué
de Lignes, le numéro 32. Nous récidivons avec une enquête nouvelle que nous ne
croyons pas moins que la précédente susceptible de faire le point sur l'un des
sujets qui a le plus puissamment marqué la vie intellectuelle : le désir
de révolution.
Enquête que nous
pourrions présenter ainsi :
Ils sont bien
quelques-uns encore (de moins en moins nombreux cependant) à croire que la
révolution est possible et à avoir pour elle un programme. Cette enquête
s'adresse moins à eux qu'à ceux qui, faute de savoir si elle est encore
possible, encore moins quel programme lui donner, ne cessent pas pour autant de
penser qu'elle est désirable.
C'est de ceux-ci
que cette enquête sollicite l'opinion. C'est à ceux-ci qu'elle demande quel
désir est le leur, c'est-à-dire ce qui les justifie à ne pas renoncer à ce
désir ou, si la tentation de renoncer existe, comment ce désir l'emporte. Etant
entendu que nous donnerons ici au mot "révolution" un sens seulement
susceptible de servir de commun dénominateur ; désignant par lui ce que
Berl désignait (dans Mort de la morale bourgeoise) comme "refus pur
et simple opposé par l'esprit au monde qui l'indigne".
Vous êtes de
ceux dont nous aimerions connaître l'opinion ; dont l'opinion nous parait
de nature à mesurer l'opportunité (ou l'intempestivité) de la question. Etant
entendu que, si notre but est plutôt de réunir des textes abondant dans le sens
de ce désir (c'est-à-dire où ce désir abonde), nous n'écarterons pas par
principe les plus intéressants, ou les mieux fondés, de ceux par lesquels s'en
formulerait le refus ou le renoncement (...) Croyez en nos pensées fidèlement
amicales.
Michel Surya